Soleils hurlants by Pelot Pierre (Pierre Grosdemange)

Soleils hurlants by Pelot Pierre (Pierre Grosdemange)

Auteur:Pelot, Pierre (Pierre Grosdemange) [Pelot, Pierre (Pierre Grosdemange)]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2015-12-04T14:02:45.890000+01:00
Éditeur: Presses Pocket
Publié: 1983-04-23T22:00:00+00:00


10

L’AVIATEUR aperçut Willy-Willy alors qu’elle venait de franchir le rail de sécurité et dévalait le remblai. Dans sa vieille veste-parka de toile cirée blanche, avec ses cheveux embroussaillés et rouges, elle formait une tache colorée et mouvante qui tranchait sur l’environnement immédiat. Elle marchait droit sur l’Aviateur, et lui adressa même un geste de la main, ce qui permit à ce dernier de conclure que Willy-Willy n’était pas encore atteinte par les effets quotidiens de cette héméralopie foudroyante dont elle souffrait. Il répondit en agitant sa propre main, la droite, celle qui tenait le Dawson Knife.

L’Aviateur avait passé presque toute sa journée assis là, au pied de la vieille épave de Mack rouillé, à regarder le spectacle de la highway et de la station. Il faut dire qu’il avait été gâté, entre le trafic hétéroclite des voies nord et sud, le coup de force de Ken Tide et de ses associés qui avaient carrément investi la station, pris des otages, etc. et pour finir cette incroyable corrida signée Man Cheval Joke. Un peu après l’arrivée de Tide, alors qu’ils commençaient d’installer leur barrière sur la voie sud, l’Aviateur était allé faire un tour dans le truck-stop, histoire de voir de quoi il retournait, manger un sandwich et se ravitailler en Jike. Il avait erré ici et là, au milieu de ces agités braillants et des carcasses toujours embrasées des véhicules incendiés au cours de l’affrontement avec les gangsters de Barrow Creek. Il était ensuite retourné à son poste, les poches pleines de boîtes de Jike.

Willy-Willy se laissa tomber à genoux devant l’Aviateur et sourit rapidement. Son regard était caché par ses lunettes noires. Elle n’avait certainement pas dormi depuis un bon moment. L’Aviateur ne se souvenait plus à quel moment ils s’étaient quittés, au cours de la nuit précédente. Ce dont il était certain, c’est qu’il ne l’avait pas vue de la journée. Elle était là, à genoux dans le sable et les mains sur les cuisses de son vieux pantalon. Et ses seins qui débordaient de la salopette…

— Tu as faim ? demanda l’Aviateur.

Elle fit « non » de la tête. Il demanda : soif ? Pas davantage. Il dit :

— T’es en train de redevenir aveugle, comme à chaque fois ?

— Pas encore, ça va venir tout à l’heure.

L’Aviateur fit sauter son couteau dans sa main gauche, puis de nouveau dans la droite, et ensuite, hop, hop, gauche-droite-gauche-droite, il occupa ses mains de cette façon-là.

— C’est parce que Capricorne s’est tiré que tu viens avec moi ? C’est parce que tu n’as plus personne ?

Willy-Willy tressaillit. Un petit frisson qui courut sur ses épaules. Elle cessa de s’intéresser aux jongleries de l’Aviateur et s’assit dans le sable ; elle porta son attention sur la station, les voies de la truckway. Ça grouillait et c’était bruyant – toutes sortes de cris, humains et mécaniques. Poussières et fumées. Les foyers d’incendie dépassaient la douzaine, entre les bâtiments dévastés et les camionnettes percutées par le Ken de Man Joke, et les carcasses fumantes qui signaient les affrontements de la nuit précédente.



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